Bonjour ! ☀️🌸
C’est avec un grand sourire que je vous retrouve pour cette deuxième édition d’Arrêt sur Page !
Si tu es nouveau ou nouvelle ici, je te conseille de lire cette courte introduction à la newsletter ! Tu pourras ainsi te faire une meilleure idée des sujets que nous abordons 🙂
Et pour toutes les personnes qui se sont abonnées, un immense merci. Nous sommes déjà près de 100, je n’en reviens pas ! 😍 (98 exactement, plus que 2 avant de déboucher le Champomy !)
Aujourd’hui, nous nous penchons sur l’idée de vouloir tout mettre dans un projet, plus particulièrement un projet d’écriture. Si un récit est l’occasion de développer des idées, nous oublions trop souvent qu’il est avant tout constitué d’une intrigue. C’est pour cette intrigue que les pages sont tournées !
Mon premier roman
J’ai écrit mon premier roman alors que j’étais encore étudiant, il y a 5 ans. J’étais en dernière année d’études, à l’étranger et la prochaine étape était le travail. La vie d’adulte. La vraie quoi. Celle de laquelle je croyais ne pas ressortir d’ici la retraite – et encore, c’était avant le départ à 64 ans…
Avec le recul, je pense que j’ai écrit mon premier roman avec l’espoir de fuir une conception traditionnelle du travail; de satisfaire un besoin de liberté; de donner un sens à ma vie. J’ai vu dans l’écriture une échappatoire à un quotidien qui ne m’attirait pas plus que ça. J’avais envie de plonger dans quelque chose de plus grand que moi, qui me rendrait existant aux yeux du monde !
Sur la quête de sens à travers son travail ou dans sa vie, je vous recommande l’article de Louise Hourcade – et sa newsletter plus généralement ! –, très pertinemment intitulé : Qu’est-ce que je vais faire de ma vie ?
Je pense qu’à cette époque, j’ai mis beaucoup de choses dans l’écriture. Trop.
Certes, mon obsession a eu du bon. L’écriture est désormais mon fil rouge. Je m’y accroche malgré les difficultés, alors que je n’y étais pas vraiment prédestiné, et j’y trouve effectivement une nourriture intellectuelle incroyable !
Néanmoins, il m’est souvent arrivé – et m’arrive souvent – de perdre de vue le plaisir d’écrire.
Pourquoi ?
Il me semble qu’une erreur est d’attendre de l’écriture à la fois une liberté et une reconnaissance ; une solution et un exutoire.
Pour ma part, j’ai eu cet espoir très égoïste d’être lu simplement pour la beauté de ma plume et pour quelques idées sur la société que je pensais profondes. En oubliant les lecteurs-lectrices.
J’ai fait une erreur comparable à ces entrepreneurs qui partent bille en tête, persuadés que les clients vont apprécier leur idée pour elle-même, sans se soucier d’aller à leur rencontre. Des entrepreneurs qui, finalement, oublient de penser à leurs clients.
Au passage, je précise que tout ce que j’écris au passé est valable au présent. C’est un combat de tous les instants de trouver l’équilibre entre ouverture sur les autres et expression de soi.
D’ailleurs, je vous invite à lire cet article de la newsletter Chapitre, où il est décrit comment Joël Dicker a réalisé, après de nombreux refus des maisons d'édition, qu’il écrivait de manière autocentrée. Plus généralement, je recommande Chapitre, dans laquelle Diane raconte le périple qu’est la rédaction de son roman !
L’envie de tout dire
L’une des plus flagrantes dérives de l’écriture autocentrée est de vouloir se mettre, soi, tout entier dans son projet.
Dans mon premier roman, j’avais une question que je souhaitais explorer – à quoi tient le bonheur ? – et... c’est à peu près tout. J’ai construit une vague intrigue qui m’a servi de prétexte pour parler de divers sujets. Et j’ai énuméré des vues sur le monde.
Je voulais parler de la Vie avec un grand V. Et la Vie c’est… c’est tout, n’est-ce pas ?
Alors j’ai fantasmé un roman philosophique qui transmettrait une vision du monde, à la Kundera ! J’ai posé des questions sans jamais y donner de réponses. Je n’ai pas voulu prêté d’attention particulière à la structure de mon récit, aux personnages, aux dialogues. Je voulais ouvrir plein de portes sans même aller explorer les salles qu’elles cachaient. J’avais soif d’écrire sur tout, tout de suite.
Seulement…
Seulement, parler de tout et parler de tout en même temps, ce n’est pas la même chose. Ce n’est pas du tout la même chose !
Et si le roman est effectivement un merveilleux support pour développer toutes sortes de réflexions, ses pages ne sont absolument pas un pot-pourri où l’on pourrait y jeter toutes ses idées pêle-mêle !
Il faut partir de l’histoire
“J’ai fait exactement ce qu’il ne faut pas faire quand on écrit des romans : je suis parti des idées et je les ai déclinées en texte, en situation et en personnages. Je pense qu’un romancier, s’il part des idées, il fait des romans à thèse, il fait des romans comme ça un peu philosophards et chiants, et il s’interdit ce qui fait le prix du roman : c’est qu’il y passe de la vie, qui soit infusée par quelque chose de nos existences.”
Ceci est une citation de Nicolas Matthieu, issue de l’épisode 1/3 du podcast Arte Bookmakers. Nicolas Matthieu est notamment l’auteur de Leurs enfants après eux, prix Goncourt 2018.
L’entendre déclarer cette phrase a été une grande source d’inspiration pour moi ! Je la trouve étonnamment rassurante et pertinente – et complétant très bien le témoignage de Joël Dicker.
Elle me conforte dans l’idée que l’approche à mon premier livre n’a pas été la bonne. Je n’ai pas compris (ou voulu comprendre) qu’en prenant le roman comme moyen d’expression, je me devais d’en respecter les règles. Je me devais d’honorer la confiance des lecteurs et des lectrices potentielles, qui n’attendent pas d’un roman la même chose que d’un essai philosophique.
Métaphore time
J’aime penser que construire un roman est comme servir un verre de vin. Sans le contenant – l’intrigue –, boire est impossible. Vouloir utiliser le roman comme simple enrobage pour véhiculer ses idées, c’est essayer de recouvrir le précieux liquide par un verre, plutôt que de poser le verre pour ensuite le remplir. Et si choisir le vin avant le contenu n’est pas interdit, et même recommandé, le servir sans verre à portée de goulot est fortement déconseillé.
Il en est de même des idées et de l’intrigue !
Sans histoire, peu importe les idées : on en perd son lectorat ; mais que l’histoire soit comprise, le but sera atteint, le roman aura été lu. Si en prime, on nous sert un grand cru dans un verre en cristal, évidemment, c’est le luxe. Mais nous ne sommes pas tous.tes Yourcenar ou Sartre.
Construire une intrigue
Notre premier travail va donc être de creuser cette question de l’intrigue. De l’histoire. 👀
Dans le prochain article d’Arrêt sur Page, je m’intéresserai aux règles de base de la construction d’une intrigue. Pour celles et ceux qui veulent s’amuser un peu d’ici là, je vous propose un exercice !
Pouvez-vous dégager les intrigues des récits suivants, en utilisant le moins de mots possibles (3 phrases maximum) ? Ou de tout autre qui vous tient à coeur et dont nous pourrons parler par la suite !
Harry Potter, de JK Rowlling (UK)
One Piece, de Eichiro Oda (Japon)
Hunger Games, de Suzanne Collins (USA)
Les Trois Mousquetaires, d’Alexandre Dumas (France)
Si le coeur vous en dit, vous pouvez partager votre travail en commentaire ! Nous y répondrons au prochain numéro ! 🐒
D’ici là, je vous souhaite de la tendresse, des rires et du bon café le matin !
Bisous 💋
Juste et léger… j adore !🐠
Très intéressante cette édition et cette prise de recul. Hâte de découvrir la suite de ton parcours et au plaisir d'échanger à l'occasion (on semble être dans la même démarche d'écriture) :)