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Bienvenue dans cette troisième édition d’Arrêt sur Page !
Si tu ne connais pas encore la newsletter, je te conseille de lire cette courte introduction ! Tu pourras ainsi te faire une meilleure idée des sujets que nous abordons ici et décider si tu souhaites t’abonner 🙂
Et pour toutes les personnes qui se sont déjà abonnées, un immense merci. Nous sommes désormais plus de 100 ! Le Champomy a été sabré ! 🍾
Comme je l’annonçais à la fin de mon dernier article, je pensais aujourd’hui aborder la question de l’intrigue. Mais entre-temps, j’ai reçu des retours d’éditeurs (auxquelles j’ai envoyé mon manuscrit) et j’ai pensé que cette newsletter était précisément le lieu pour en parler. Le résultat est un article sans doute plus introspectif que les précédents, mais qui, j’espère, amènera un peu de légèreté sur la notion d’échec !
Retour des maisons d’édition
En octobre 2022, je me suis lancé dans l’écriture d’un roman. J’y ai consacré des dizaines et des dizaines d’heures, à corriger la structure, à reprendre l’intrigue, à réécrire des pages entières.
Résultat : en février, j’ai obtenu un manuscrit que j’ai jugé satisfaisant. Je l’ai alors envoyé à deux structures : une maison d’édition et une agence littéraire.
La semaine dernière, j’ai reçu leurs réponses : coup sur coup, deux refus.
Le sentiment d’échec
J’avais évidemment envisagé cette situation mais y être confronté a été une autre paire de manches. Après un an et demi de travail, je me suis retrouvé démuni. D’un seul coup, je n’ai plus bien su qui j’étais.
Au-delà du roman en lui-même, cette année d’écriture avait été l’occasion de me connaitre et de prendre confiance en mon goût pour l’écriture, plus largement en moi.
Ces refus ont ébranlé cette confiance ! Un tas de (plus ou moins) vieilles questions sont brusquement ressorties.
Est-ce que je ne m’étais pas inventé cette “passion” de l’écriture ? Pourquoi est-ce que je ne me satisfaisais pas de mon métier d’ingénieur ? Est-ce que je ne passais pas à côté de pleins de choses à force de toujours vouloir créer ? Qu’est-ce que je gagnais à m’imposer des disciplines ?
Sur LinkedIn, j’ai décrit ce sentiment de découragement.
L’envie d’être publiée
Quand j’ai reçu les refus, de nombreuses personnes de mon entourage m’ont consolé : “Tu peux être fier de ton travail, il ne faut pas oublier le chemin parcouru. Les éditeurs passent souvent à côté de supers textes, ça ne veut rien dire.”
On m’a parlé de J.K Rowling qui s’était vue refuser la publication d’Harry Potter de nombreuses fois ; de Proust et de Gallimard ; etc…
Moi-même, avant d’avoir les retours, j’étais le premier à affirmer qu’un refus ne serait pas un échec, que cette année d’écriture serait, de toutes les manières, une victoire et que j’avais énormément appris…
Sauf que… Il y a un fossé entre se convaincre rationnellement de lâcher prise et la réalité de son désir.
Certes, de nombreux écrivains géniaux ont eu toutes les peines du monde à se faire publier, mais “ce n’était pas pareil” – ça n’est d’ailleurs jamais pareil.
Au fond de moi, j’ai conservé intacte cette envie d’être cette personne qui se fait publier du premier coup.
Le paradoxe
Ce qui est intéressant c’est qu’en face de cette envie, j’ai une certaine peur du jugement. Dans mon cas, ce n’est pas une peur qui se traduit par une timidité évidente.
Je suis plutôt à l’aise socialement. Quand j’écris un texte, je n’ai pas (trop) de mal à le faire lire à mon entourage. Même, je deviens parfois un peu téméraire et me lance sur un coup de tête.
Je réalise que ce que j’ai craint jusqu’à aujourd’hui a plutôt été d’assumer la posture que j’espérais conquérir.
Je m’explique : être écrivain est un rêve. J’y vois une source d’expression immense, une nourriture intellectuelle continue et une porte vers une liberté plus grande.
Mais c’est aussi un fantasme, dont le flou est alimenté par mon manque de confiance en moi (et en les autres).
Par le passé j’ai, par exemple, imaginé ce moment où j’écrirais un roman, où je l’enverrais de manière anonyme et où je serais reconnu sans avoir eu à me “vendre” – sans avoir eu à m’exposer au préalable aux yeux du monde. J’ai fantasmé de sortir quelque chose de moi, que cette chose soit reçue par d’autres, sans pour autant que j’aie à assumer d’en être l’auteur.
Ecrire pour les autres
Sauf qu’écrire un roman, c’est écrire pour être lu. C’est écrire pour faire entendre une voix au monde, qui affirme : j’existe et voici ce que j’ai à dire. Et si l’on ne souhaite pas assumer cette voix, autant écrire un journal intime.
Avec le recul, j’ai l’impression de percevoir que mon incapacité à me positionner clairement en tant que romancier – c’est-à-dire en tant qu’écrivant pour que d’autres me lisent – m’a handicapé. J’ai, d’un certain côté, écrit pour moi-même.
Cette année a été l’occasion de comprendre ce que signifie cette phrase – qui n’a, pendant longtemps, que réussi à m’agacer. Qu’est-ce que ça veut dire écrire pour soi-même ?
Eh bien, beaucoup de choses, mais il me semble avant tout : ne pas assumer l’exercice qu’on s’est imposé, vis-à-vis de ceux qui vont le recevoir.
Or, pour l’assumer, il faut déjà avoir conscience de ce qu’est cet exercice. Et pour en avoir conscience, eh bien, il faut en connaître… les règles ! Et les accepter, ou du moins se positionner vis-à-vis d’elles.
Le sentiment d’avoir appris
Je pense qu’avoir confiance en soi passe par avoir confiance en sa capacité à apprendre. A progresser.
Or, je le répète – et je me ferai un plaisir de continuer à le répéter ! –, tout s’apprend. Et pour apprendre, les systèmes, les règles sont d’une grande aide.
Pour ma part, malgré les secousses, cette année d’écriture a été fertile sur ce sujet ! J’ai le sentiment d’avoir acquis des outils. Et ces outils m’aident aujourd’hui à me positionner par rapport aux retours des éditeurs. J’arrive à entrevoir des pistes de progression. Et ça, ça m’enlève un certain poids. Je n’ai plus l’impression d’être complètement perdu dans le noir !
Malgré l’émotion générée par ces deux refus, je me sens relativement solide sur mes appuis. Malgré “l’échec”, j’ai l’impression d’avoir tout de même avancé.
Et je peux dire que j’accueille maintenant comme il se doit les paroles reconfortantes des personnes qui m’entourent. Le futur est ouvert ! Merci beaucoup pour votre soutien 🙂
Le retour de la dramaturgie
Mais il est temps de revenir à nos questions de structure du roman, et d’intrigue.
Dans son ouvrage intitulé La Dramaturgie, Yves Lavandier écrit :
Il n’y a pas d’oeuvre d’art sans système. Si la dramaturgie est un langage, celui-ci est régi par une grammaire et donc des règles. Et, comme toutes les règles, celles-ci peuvent être apprises.
Plus loin, il écrit également :
Un auteur qui néglige les règles ne peut séduire que les membres de son club. D’une certaine façon, il s’adresse à lui-même.
Et… La boucle est bouclée ?
Dans le prochain épisode, j’entrerai dans le vif de la dramaturgie.
Pour cela, nous nous pencherons sur les intrigues de 4 oeuvres mondialement connues (pour de vrai cette fois) !
D’ici là, je vous souhaite un merveilleux weekend à toutes et à tous, de belles rencontres et au moins un restaurant délicieux. 🧑🍳
Des bisous 💋